C’est vrai!

Ceci n'est pas le fruit d'un atelier du Créahm (Créativité et handicap mental), mais un spectacle dès l'origine. Ce projet appartient à Virginie Vandezande, 25 ans, artiste, danseuse, trisomique. Pendant un an, chaque semaine, elle a rencontré le chorégraphe Jeroen Baeyens (Cie TO). A sa demande, elle écrit des poèmes qui serviront le spectacle : ils en seront un élément - interprétés et chantés par Carla Hoogewijs, sur les compositions de Tim Bellens - tout en nourrissant la dramaturgie. L'intimité d'une jeune femme, ses activités, son univers, son art, et l'amour qu'elle rencontre, ses angoisses, ses élans, ses doutes, son bonheur, ses hésitations.Tout commence avec les notes d'un clavier, puis une voix chaude sur des mots naïfs et lucides, une poésie immédiate, concrète, pleine d'images et frémissante d'émotion. "Si j'étais un objet, je serais un puzzle très compliqué, de mille pièces, un puzzle jamais abouti parce qu'il manquera une pièce. Si j'étais un instrument de musique, je serais le triangle. C'est une petite note toute gracieuse et magique, comme le ciel. J'aime faire des choses magiques pour les autres."

Solo, duo, solo

Un premier solo de Virginie Vandezande fait vivre et vibrer l'espace : une scénographie de Didier Leemans qui intègre un décor cosigné par Jeanne Bidlot et composé notamment de peintures magnifiques créées dans l'atelier arts plastiques du Créahm-Bxl. On n'en dira pas autant des costumes, kitsch, chargés et sans âme à nos yeux, et du hâle artificiel qui masque le teint diaphane de la danseuse. Ce ne sont qu'apparences, or "C'est vrai" va bien au-delà.

Dans la finesse et l'intelligence du mouvement, dans la générosité du projet et la délicatesse du propos.La deuxième partie du spectacle met en scène un duo, où se répondent et s'affrontent avec respect la danseuse Kyung-A Ruy et Luc Eyen, lui aussi artiste du Créahm. La maladresse ici est bien moins celle du handicap qu'inhérente aux errances du couple. L'amour qui réjouit et qui blesse habite la dernière partie, suite du solo de Virginie. Flamboyante et fragile dans cette évocation sensible du désir, de la raison malmenée, du désespoir. De la danse, simplement et intensément.

Repris de l'article de presse de Marie Baudet - Publié le 16-02-08 - Lalibre.be