CGII → résidence d’initiation à la gravure

5.2.2024
9.2.2024
CGII → résidence d’initiation à la gravure

Trois presses s’alignent dans les ateliers du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée de La Louvière, situé rue des Amours. Gaëlle Leroy, artiste-animatrice des ateliers Arts Plastiques, s’enchante de cadre, de la gentillesse rencontrée, du tout : « C’était un stage fabuleux, une bulle hors du temps. »

Les deux animatrices du CGII, Martine Meyer et Clémence Godier, ont proposé des matériaux traditionnels et de récupération. Après un stage de Kitchen litho à domicile qui faisait intervenir le papier alu, des encres grasses et du Coca-Cola, elles proposent chez elles de la gravure sur Tetra Pak ou sur gomme, ainsi que d'autres matériaux. « La Kitchen litho est une technique inventée par l’artiste française Émilie Aizier. Ce procédé s'inspire de la lithographie, » précise Martine.« Les résultats sont impressionnants, alors que l’on utilise simplement un corps gras et du Coca-Cola. La gomme est une référence à l’artiste Kiki Crèvecoeur, première lauréate du Prix de la Gravure, en 1989. C’est un matériau facile à graver. Le Tetra Pak ressemble à la technique de la taille douce, un procédé qui consiste à faire des griffes avec une pointe sèche dans la matière, ensuite à encrer la matrice et essuyer le surplus. On dit que le papier est amoureux car il va chercher l’encre dans les creux. » 

Six plasticien·nes qui fréquentent les ateliers Arts plastiques : Nour Ben Slimane, Nathalie Collot, Sylvie Laurent, Michaël Mvukani Mpiolani, Kirill Patou et Jérôme Van Roye exercent donc leur talent sur de multiples supports durant une semaine. Les trois premiers jours sont consacrés aux apprentissages techniques et les deux derniers à approfondir celle avec laquelle ils ont le plus d’affinité. 

Impatient, précis

D’emblée, deux gestes se distinguent : le travail à la pointe sèche, qui consiste à tracer un dessin sur une surface avec un outil métallique et pointu, et le travail à la gouge, qui implique d’enlever de la matière pour faire apparaître une forme. Pour le premier, l’encre s’insinue dans les creux, lors du second, l’encre tapisse les aplats (il s’agit donc de pouvoir appréhender son résultat en négatif). Se gravent, en cet atelier, des plaques métalliques (cuivre ou zinc) ou même des CD. C’est ce que l’on appelle « la taille douce ». Se creusent, du bois, des gommes ou des morceaux de lino, « la taille d’épargne ». Ensuite, on imprime sa matrice, on la retravaille selon le résultat souhaité et lorsqu’elle donne satisfaction, il y a encore de multiples essais possibles avec la presse, le noir et blanc, les couleurs, des effets divers.

On ne sait si c’est une question de caractère, les plus impatients, les plus précis, mais deux équipes se forment au fil du temps : les Pointes Sèches, avec Nathalie, Jérôme et Kirill et les Gougeur·es, avec Michaël et Sylvie. Nour rejoint les deux, au gré de ses envies. À ces multiples essais s’ajoute, cerise sur la douceur des animatrices, une formation au gaufrage : le dessin n’apparaît qu’en relief, on le lit avec la pulpe du doigt ou un éclairage de biais.

Géantes, les formats

Pas de pratique sans histoire de celle-ci, ses questions, ses courants. Les participant·es suivent une visite guidée technique de l’exposition aux cimaises du CGII :« Les géantes ». Elle pose la question des formats en gravure depuis les années 60 jusqu’à nos jours. On y découvre les différentes stratégies imaginées par les artistes pour obtenir des œuvres XL ou XXL : papiers immenses, recours à la fragmentation, à la série.

Ensuite, retour au tablier blanc. L’équipe des Points Sèches imprime sur papier mouillé. L’équipe des Gougeur·es, en la personne de Michaël Mvukani Mpiolani, tente un très grand format. Les aplats font surgir des pylônes électriques balayés par le vent. Dans la salle, seuls des crânes sont visibles tant les têtes sont penchées sur l’ouvrage. On peut dire que la formation est un succès. Jérôme Van Roye filme les explications techniques pour les visualiser le soir et être au taquet le lendemain matin. Le contact est bien passé. Martine abonde : « C’était une semaine bouleversante. Nous avons vécu un moment très intense avec Clémence. Les personnes qui sont venues ont un très haut niveau artistique, en premier lieu, mais elles sont également entières, elles partagent leurs émotions, c’est du direct. Nous avons connu des moments de joie, d’autres où nous étions simplement très émues. Plus qu’un atelier, c’était un partage. »

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