Génération Intime → Entretien avec Anatole Damien

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Génération Intime → Entretien avec Anatole Damien

Génération Intime, le nouveau collectif musical du Créahmbxl, revendique les influences de ses prédécesseurs, mais propose un univers imaginaire et une méthodologie qui s’en démarquent. Entre influence moyenâgeuse et fluides pop, le premier concert du groupe se revendique comme un try-out, première étape de travail publique après un an de recherche. Le guitariste, bassiste et producteur Anatole Damien, qui coordonne l’ensemble, détaille les étapes de ce travail.

Comment est né ce nouveau collectif musical, Génération Intime ?
A.D. : Au début, quand j’ai repris l’atelier musique au Créahmbxl, il y a un an, nous parlions beaucoup de nos âges, puis des générations, de ce qu’elles signifient pour nous. Donatien Toma N'dani Djemelas, l’un des membres du collectif, a parlé de génération intime. Je note les idées qui viennent en atelier et j’ai noté ces deux mots, que j’aimais beaucoup. L’idée a inspiré à Corentin, notre poète, une chanson sur les générations de l’éclair, du cirque, toutes celles auxquelles on appartient. Nous avons élaboré une écriture autour de ce thème. Notre collectif, qui s’est retrouvé chaque semaine pendant un an comme lors d’une longue résidence de recherche, part d'improvisations pour travailler chaque chanson par interprétations successives, chaque version étant différente de la précédente.Ces étapes représentent des entrées dans le journal intime du collectif, du moins c’est comme ça que je l’ai perçu.

Quand j’ai proposé « Génération Intime » comme nom, les musiciens ont immédiatement adhéré.

Tu as repris l’atelier musique, après, notamment Vin de Sprite. Quelle était ta position par rapport à ce qui a existé ?
A.D. : On sent dans la musique que nous produisons l’influence des projets précédents, le MC Bceps de Willy Gouders et le groupe Vin de Sprite d’Antoine Loyer. Je les ai conservées. Nous avons défini notre propre style au travers d’une méthodologie de travail qui s’est mise en place à mesure que l’on jouait ensemble. Dans l’écriture, je laisse un maximum de liberté aux participants. Je n’écris pas moi-même, ce qui me permet de ne pas être interventionniste. Certains textes sont apportées par les poètes du collectif, comme Corentin. D’autres sont écrites en commun. Le principe, c’est que tout ce qui est amené doit pouvoir être intégré et retravaillé par le groupe.

Créer de la musique ensemble, c'est trouver un équilibre entre l'individuel et le collectif. J'essaie que chacun puisse développer sa personnalité artistique au sein du collectif. Il me semble que c'est une très belle manière de permettre aux musiciens d'expérimenter pour qu'ils puissent ensuite développer des projets individuels. Là aussi, j’aime souligner les influences des participants : rap, pop, variété. J’ai défini que les contours de la production du groupe sont pop, avec les codes du genre : morceaux courts, mélodies qui restent en tête, clip… Sur ces bases vient se greffer une démarche expérimentale : on bricole des sons, on utilise des instruments que l’on fabrique…. En studio, notamment, on expérimente beaucoup : soit on enregistre ensemble, soit en overdub, c’est-à-dire que chaque musicien enregistre sa partie et que l’on superpose ensuite le tout. Il arrive qu’on enregistre une étape de travail, une démo, qui soit ensuite impossible à reproduire. Sa spontanéité lui donne une force incroyable que le travail en studio lui enlèverait : c’est pour ça que le clip de Le couteau et le poison a été tourné à partir de l’une de ces démos. Même si l'ambition du projet n'est pas de s'enfermer dans cette dimension DIY, mais de s'en servir comme terrain d'expérimentation ensuite, avec plus de maturité.

« J’ai découvert qu’en ne cadrant rien, un univers s’installe : entre l’univers chevaleresque de Corentin et la chanson sur les licornes de Maria-Antonia Lorenzo, un écho traverse le futur album du collectif. »

Qu’est-ce que le public va découvrir avec ce premier concert de Génération Intime ?
A.D. : J’ai un peu de mal à définir notre style musical : de la chanson pop expérimentale en français ? <Rires> Je vois ce premier concert comme un try-out, une première étape de travail publique après un an de recherches. Le public va découvrir 7 à 8 morceaux, dont 2 avec notre chanteuse, Maria Antonia. Il verra une version scénique des deux morceaux qui vont sortir début décembre sur le Bandcamp qui sera inauguré pour l’occasion : Le couteau et le poisson, un enregistrement collectif et Les envieux, qui a été enregistré en over dub. Visuellement,on se réfère à l’univers de la chevalerie. J’ai découvert qu’en ne cadrant rien, un univers s’installe : entre l’univers chevaleresque de Corentin et la chanson sur les licornes de Maria-Antonia Lorenzo, un écho traverse le futur album du collectif. 

Comment va se passer la suite, on va pouvoir voir le clip de Le couteau et le poison ?
A.D. Le clip devrait être terminé avant notre premier concert pendant le vernissage de sapin sauce andalouse, la méga exposition de décembre. Il a été filmé avec un matériel léger qui permettait aux participants de s’investir dans sa fabrication, de filmer certains plans. Pour son esthétique, je me suis inspiré des photos d’Harold, qui semble cadrer des détails sans forcément de liens entre eux, comme d'autres artistes que j'apprécie : Rebe, Fievel Is Glauque, Melody's Echo Chamber, par exemple. Cette année de recherche débouche donc sur des objets entièrement réalisés par les musiciens de l’atelier.

Après, j’aimerais trouver un lieu qui ressemble plus à un studio et où l’on pourrait inviter d'autres artistes et musicien·es – j’en connais beaucoup qui seraient très heureux de travailler avec nous – et élaborer, pousser plus loin notre son et créer un bel album.

« Je suis très chanceux d’être entouré d’artistes. Je trouve nos chansons extraordinaires. <Rires> Les musiciens ont un imaginaire en même temps au premier degré et très abstrait qu’ils expriment avec une force d’interprétation incroyable. Ces paroles si peu conventionnelles, chantées avec une telle conviction, orientent tout notre travail : nous partons de ce qui nous paraît beau dans la musique des mots. »

Qu’est-ce qui vous porte dans ce travail ?
A.D. Je suis très chanceux d’être entouré d’artistes. Je trouve nos chansons extraordinaires. <Rires> Les musiciens ont un imaginaire en même temps au premier degré et très abstrait qu’ils expriment avec une force d’interprétation incroyable. Ces paroles si peu conventionnelles, chantées avec une telle conviction, orientent tout notre travail : nous partons de ce qui nous paraît beau dans la musique des mots. Sinon, je suis aussi excité parle projet que je mène ici que par mon travail de guitariste, de bassiste ou de producteur : je travaille au Créahmbxl comme je travaille au dehors.

Informations pratiques

try-out du collectif musical

Ven. 08/12 - 20h

Partenaires
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